Agri urbaine

Les mille et un visages de l’agriculture urbaine

Groupe Eiffage

L’agriculture urbaine, qui fait désormais partie intégrante de certains projets d’aménagement menés par le Groupe, recouvre un panel de solutions très diversifiées et ouvre un large champ d’innovations, comme l’a montré la conférence Agricultures urbaines du 21e siècle organisée par la Direction du développement durable et de l’innovation transverse.

Oxymore. Figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoires. C’est le cas de « l’agriculture urbaine », comme l’a relevé d’emblée Xavier Laureau, pionnier en la matière et co-gérant de la Ferme de Gally, lors de la conférence « Agricultures urbaines du 21e siècle » organisée par la Direction du développement durable et de l’innovation transverse (DDDIT) lundi 19 mai 2017 au campus Pierre Berger.
Le paradoxe est bien réel. Les villes ont eu tendance à exclure l’agriculture de leurs territoires et avec l’étalement urbain, à accaparer à leur profit des terrains agricoles, au point qu’on estime qu’une fois tous les sept ans, la surface d’un département est urbanisée.
 
DE LA CULTURE VIVRIERE A L’USINE VÉGÉTALE
Mais désormais la tendance inverse se développe au point que « l’agriculture urbaine » fait même figure de nouvel eldorado. En fait, cette expression recouvre des activités très différentes : Xavier Laureau souligne le « grand écart » qu’il y a entre l’agriculture vivrière ou des développements relevant de l’économie sociale et solidaire et de véritables fermes high tech multifonctionnelles et autres usines végétales. « Créer une simple « expérience de nature » est une chose, développer une filière organisée capable d’assurer la sécurité alimentaire d’une ville en est une autre. Le coût de production peut selon les cas, aller de 1 euro à 200 euros le m2, ce qui n’autorise pas le même retour sur investissement », poursuit-il en substance.
En même temps, il constate qu’il y a un «vrai besoin d’espaces verts nourriciers » et imagine demain des fermes péri-urbaines et/ou intra-urbaines qui permettront de rétablir des circuits courts vertueux d’approvisionnement alimentaire. « Les solutions durables en agriculture urbaine seront multifonctionnelles, multi-techniques, multi-acteurs », ajoute-t-il.
De son côté, Agnès Sourisseau, agricultrice et paysagiste, promeut l’agroforesterie - le « désarbrement » et les sols mis à nus favorisant notamment les inondations alors que le maintien des arbres permet au contraire de stocker le carbone et est vecteur de biodiversité. En tout état de cause, « l’agriculture urbaine au XXIe siècle se conjugue au pluriel », confirme Iswann Ali Benali, chargée de mission ville durable et agriculture urbaine à la DDDIT.
 
 
LE SMART FARMING, UN CHAMP D’INNOVATION POUR EIFFAGE ENERGIE
Dans ce contexte, de multiples initiatives voient le jour.
Ainsi, Eiffage Énergie s’est créé des débouchés importants proches du « smart farming » dans l’agriculture péri-urbaine en développant, comme l’ont rappelé Jean-Jacques Pince, directeur régional d’Eiffage Énergie à Bordeaux, et Gilles Marguerat, directeur d’agence, des centrales de cogénération fondées sur le gaz naturel chez des maraîchers.

Eiffage Énergie Thermie Aquitaine exploite 83 centrales de cogénération dans toute la France représentant un total de 286 MW et souligne que « meilleure rentabilité agricole n’est pas synonyme de mauvaise qualité ». Eiffage Énergie compte à présent enrichir son offre pour les serres maraîchères et horticoles en misant notamment sur la cogénération bois en complément de la cogénération gaz. Le recours à de nouvelles technologies est aussi à l’étude. Jean-Michel Batto, architecte du système d’information d’Eiffage Énergie Télécom, a montré comment de nouveaux capteurs peuvent autoriser des gains de productivité importants en mesurant par exemple le stress hydrique subi par les vignes. De même, des robots autonomes en plein champ ou des drones peuvent faciliter la gestion des exploitations agricoles.
 
UN ATOUT DANS LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT
Source de nouveaux développements, l’agriculture urbaine peut aussi être un atout dans les projets d’aménagement. Eiffage Concessions intègre l’agriculture urbaine dans ses propositions, comme pour l’aménagement d’un pôle majeur de la Plaine de France au nord de la région parisienne.
À Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), les équipes conduites par Emmanuel Gazeau, directeur du développement d’Eiffage Concessions, ont imaginé autour d’un stade de sport et d’une salle de spectacles un nouveau quartier de 15 hectares alliant sport, santé et alimentation en recréant le lien entre population et agriculture et en favorisant les circuits courts.
Saluant le « caractère très entreprenant du monde agricole », Emmanuel Gazeau relève que des fonds d’investissement se mettent en place dans la filière agricole comme dans la filière bois, ce qui facilite le financement des projets. Les difficultés viennent plutôt des élus locaux qu’il n’est pas toujours aisé de convaincre d’aller au-delà de la simple construction d’un équipement, au point qu’il faut parfois en appeler aux ministères concernés et à la métropole du Grand Paris.
 
En parallèle, Eiffage Aménagement intègre l’agriculture urbaine dans ses nouveaux quartiers, comme dans la ZAC Parc d’affaires à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) (30 hectares, 25 000 habitants et salariés à terme) en alliant fonction productive, fonction sociale et fonction bien-être. 1,7 hectare de toitures sera ainsi exploité sous forme de terrasses productives ou de jardins partagés, ce qui permet d’allier meilleure qualité de vie et activité économique, sans oublier la dimension pédagogique et participative. Avec des résultats concrets : quatre agriculteurs urbains seront embauchés ; 30 000 bouteilles de jus et 7 000 barquettes de petits fruits seront produites, comme le relève Antoine Guibourge du bureau d’études Mugo.
 
De même, la ZAC du Parc à Châtenay-Malabry inclura plusieurs programmes agricoles : un hectare sera dédié à l’agriculture urbaine, une grande prairie et une ferme sont prévues, et une halle universelle sera aménagée pour transformer et vendre les produits.
 
Vous pouvez revoir la conférence dans son intégralité sur l’onglet développement durable de l’intranet :
https://groupeeiffage.sharepoint.com/sites/dd/Pages/conferences-Innovation-Transverse.aspx