BPL Marc Legrand

Questions à Marc Legrand, à propos de la LGV BPL, le projet le plus important de l’histoire d’Eiffage

Groupe Eiffage

La ligne à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire a été inaugurée mardi 20 juin en présence de Benoît de Ruffray et de Patrick Jeantet, président-directeur général de SNCF Réseau.

L’inauguration de la ligne à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire, mardi 20 juin 2017, marque l’aboutissement de cinq années de chantier. Quel bilan en tirez-vous ?

Marc Legrand, président d’Eiffage Rail Express. Nous sommes à la fois fiers et heureux d’avoir mené à bien ce projet à trois milliards d’euros, le plus important jamais conduit par le Groupe. La ligne à grande vitesse Bretagne-Pays de la Loire fait entrer Eiffage dans une nouvelle dimension. Après la LGV Perpignan-Figueras, la première ligne ferroviaire à grande vitesse permettant de franchir les Pyrénées, longue de 44 kilomètres, que nous avions livrée en février 2009, puis l’autoroute A65 Pau-Langon de 150 kilomètres inaugurée en décembre 2010, le projet hors normes de la LGV BPL - 214 kilomètres de ligne ferroviaire ont été construits - confirme la capacité de notre Groupe à mener de très grands projets clés en main multi-systèmes.

La quasi-totalité de nos métiers ont été mobilisés sur ce chantier et, bien évidemment, dans un premier temps, les équipes de la branche Infrastructures – celles des grands travaux renforcées par plusieurs filiales régionales, selon leur spécialité (ouvrages d’art, terrassement, réseaux et rétablissements des routes), ainsi que celles d’Eiffage Rail et d’Eiffage Métal. Les équipes locales de la branche Construction ont également apporté une importante contribution en réalisant notamment des bâtiments d’exploitation et de maintenance. Puis les équipes d’Eiffage Énergie ont pris le relais pour la mise en place des équipements électriques, des systèmes de télécommunications et de signalisation ferroviaire tout au long de la ligne.

Je tiens à saluer tous nos collaborateurs qui ont œuvré pour la réussite de ce chantier et sa réalisation dans les délais.
 
Pour les Bretons, il y a désormais un avant et un après LGV. Est-ce le cas aussi pour Eiffage ?

Marc Legrand. Clairement, oui ! Rapprocher les territoires, favoriser les mobilités, contribuer au développement économique est au cœur des missions d’Eiffage. Avec la réalisation de la LGV BPL, nous avons contribué de manière décisive à favoriser l’accessibilité de la Bretagne et à lutter pour son désenclavement.

En même temps, le Groupe a accompli un pas en avant très important. C’est la première fois que nous réalisons une infrastructure clés en main de cette envergure. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : nous avons effectué 26 millions de m3 de mouvements de terre, construit 225 ouvrages d’art courants, dont 119 ponts routes et 106 ponts rails, réalisé 11 viaducs ferroviaires, posé 820 kilomètres de rails, 3 000 kilomètres de câbles ou encore plus de 9 000 poteaux caténaires… 4 500 personnes ont été mobilisées au plus fort des travaux, dont 2 200 collaborateurs du Groupe.
Nous avons relevé des challenges techniques complexes. Un seul exemple : au niveau du contournement nord du Mans cohabitent trois systèmes de signalisation ferroviaire différents, dont l’un pour le fret. Il s’agit d’une première en Europe.

Nous avons également démontré notre savoir-faire en matière de mobilisation des ressources humaines. Dès 2011, nous avons fédéré les acteurs locaux de l’emploi et de l’insertion professionnelle, de la formation, les représentants des collectivités territoriales et de l’État. Le projet a, à compter de 2012 et du démarrage des travaux, directement créé 1 500 opportunités au bénéfice des demandeurs d’emploi des deux régions traversées. Parmi eux, plus de 650 étaient en situation d’insertion professionnelle : nous les avons formés et recrutés. Au point que nous avons dispensé 1 300 000 heures d’insertion, ce qui représente plus de 13 % des heures travaillées – le double des engagements pris au départ dans le contrat.

Le savoir-faire que nous avons acquis nous permettra de participer au mieux, je l’espère, aux grands programmes de modernisation et de rénovation du réseau ferroviaire. D’ores et déjà, fort de cette réussite, Eiffage est considéré comme une entreprise de référence experte en matière de grande vitesse en Grande-Bretagne, où nous sommes candidats en groupement avec les groupes Carillon et Kier à la réalisation de lots génie civil et terrassement de la future ligne à grande vitesse HS2 (High-speed 2) qui reliera Londres à Birmingham et Manchester.
 
Les objectifs en termes de compensation environnementale ont été atteints à 100 %.

Marc Legrand. Pour la première fois sur un grand projet d’infrastructure, les travaux de compensation environnementale ont été terminés avant la mise en service, ce qui a confirmé qu’Eiffage était le « mieux-disant environnemental » comme l’avait souligné SNCF Réseau au moment de la signature de l’offre. Nous avons réalisé 974 hectares à ce titre, soit 5 % de plus que l’objectif.
Le niveau d’exigence environnementale de ce chantier est le plus important qu’Eiffage se soit jamais fixé. Nous avons cherché à minimiser le plus possible les impacts directs de la LGV sur les paysages, le cadre de vie, les cours d’eau et la biodiversité, en appliquant bien sûr la réglementation, mais aussi en allant parfois au-delà des strictes préconisations réglementaires pour éviter au maximum, et en amont du chantier, les effets de cette ligne sur l’environnement.

Nous avons également mis en place un fonds d’arbitrage carbone spécifique et interne au projet, une première qui a permis d’effacer les émissions de gaz à effet de serre équivalentes à la construction de deux kilomètres de ligne. L’observatoire chargé de suivre ces efforts de compensation restera opérationnel après la mise en service de la ligne.
 
Les premiers trains circuleront à compter du 2 juillet. Mais l’aventure ne s’arrête pas là. Pour la première fois, Eiffage assurera la maintenance de l’infrastructure ferroviaire. Comment vous y êtes-vous préparés ?

Marc Legrand. Nous allons exercer un nouveau métier. Sur la ligne Bretagne-Pays de la Loire, nous allons devoir intervenir en la matière en autonomie. Nous programmerons les tournées d’inspection et nous organiserons les travaux. Sur une ligne à grande vitesse en France, ce sera une première. Ce sera le rôle de notre filiale Opere et de ses équipes, une centaine de personnes dont 70 ont été formées spécialement en ce sens - à des postes d’agents spécialisés signalisation et télécommunications, agents énergie et caténaires ou encore agents voie ferrée, d’agents sol en charge de la préparation et de la manœuvre des trains et de conducteurs de trains certifiés pour la conduite sur lignes à grande vitesse. Ce volet du contrat court pendant 19 ans, autrement dit jusqu’en 2036. Un travail considérable d’organisation, de formation et d’établissement de documentation a été mené par Opere et lui a valu la délivrance de son agrément de sécurité par l’Établissement public de sécurité ferroviaire.

A voir ou à revoir, l'intervention de Marc Legrand au Café des sciences à l'Espace de Sciences à Rennes mercredi 17 mai 2017 :
> http://www.espace-sciences.org/evenements/un-chantier-hors-norme